Quelle maison individuelle demain ?

Chaque année, plus de deux cent mille familles posent leur première pierre. Sur le plan technique, les maisons d'aujourd'hui ont divisé par deux en un peu plus de trente ans leurs niveaux de consommation énergétique. En moyenne, le budget énergie d'une maison conforme à la nouvelle réglementation thermique, la RT 2005, atteint le millier d'euros par an, soit deux fois moins que pour une maison bâtie en 1974. La plupart des constructeurs proposent aujourd'hui des modèles dont les performances sont nettement supérieures à celles imposées par la RT 2005.

Pour le constructeur, c'est une question de survie. La maison individuelle, comme tous les autres secteurs du bâtiment, doit en effet relever le défi des économies d'énergie et du développement durable. Les constructeurs n'ont pas d'autre choix que d'anticiper les prochaines réglementations thermiques, qui verront le jour en 2010, 2015 et 2020. Du coup, ils développent de nouvelles façons de construire. La filière sèche, sans ciment, gagne du terrain. De plus en plus de maisons sont bâties avec des briques Monomur, des blocs de pierre ponce ou du béton cellulaire. Et les maisons en ossature bois ou métal sont en pleine expansion.

Reste que le secteur est encore loin des maisons à énergie positive, qui fabriquent plus d'énergie qu'elles n'en consomment. Et pour cause: «Le marché du développement durable doit se généraliser tout en restant accessible au plus grand nombre. C'est pourquoi nous avons souhaité ne pas pousser au maximum les règles de la NF HQE. Quant un avion est trop chargé, il ne décolle pas», explique Alain Maugard, président du Centre scientifique et technique du Bâtiment, l'un des promoteurs de cette certification. Ainsi, les surcoûts apparaissent comme relativement faibles. «Une maison certifiée NF HQE coûte 6000 à 8 000 euros de plus qu'une construction classique de surface et d'architecture semblables», constate Roland Germain, PDG de Geoxia, le premier constructeur français.

Le constructeur jurassien Maisons Moyse s'est distingué par la création d'une maison particulièrement innovante. Ce projet répond au nouveau label Effinergie, mis en place par le gouvernement. Il permet de proposer une maison à très basse consommation : 45kWh/m2/an tout compris, alors que les maisons conformes à la RT 2005 consomment en moyenne 85kWh/m2/an. Le prix : 365 000 euros en version 235 m2 et 60 m2 d'annexes, 250 000 euros en version 160 m2.

Le prix, justement, c'est un sujet qui compte. Le pouvoir d'achat des acquéreurs est mis à mal par l'inflation foncière et l'envolée des coûts de construction. Il faut donc gagner en productivité. Et proposer des maisons spécialement adaptées aux ménages modestes. Les modèles dits d'entrée de gamme, conformes aux dernières normes techniques, démarrent à 70 000 euros hors terrain.

Si la maison individuelle a su relever les défis de la qualité et du développement durable, elle doit faire face à un autre enjeu, au moins aussi important : son intégration dans les paysages. 66% des maisons sont bâties à la campagne et dans les agglomérations de moins de 30 000 habitants. Un mouvement qui va à contre-courant des dernières tendances en matière d'urbanisme. Elus et autres décideurs souhaitent en effet reconstruire la ville sur la ville et privilégier la densification urbaine, pour notamment accroître l'offre de logements et limiter les surcoûts en termes de création et d'extension des réseaux de transports ou de viabilisation des fonciers. Il s'agirait également d'économiser les surfaces et de protéger l'environnement. Au risque de décevoir des Français, très attachés au mode de vie que leur offre la maison individuelle. Une question centrale apparaît alors : à quoi cela servirait-il de vivre dans une maison écolo s'il faut prendre sa voiture pour aller travailler ?

Pour en savoir plus :

http://hebdo.nouvelobs.com/p2211/dossier/a336561.html

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