Les concentrations en GES actuelles sont sans précédent sur les 800.000 dernières années

Grâce aux travaux du projet EPICA, des chercheurs ont pour la première fois reconstitué l'évolution des teneurs en dioxyde de carbone et en méthane dans l'atmosphère sur 800.000 ans. Résultat, les teneurs actuelles n'ont jamais été aussi élevées..

Dans le cadre du projet EPICA, les chercheurs français du laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (CNRS/Université Joseph Fourier) et du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CNRS /CEA /Université Versailles Saint Quentin), ont analysé la composition des bulles d'air capturées dans la glace de l'Antarctique. Ils disposent désormais de l'évolution sur 800.000 ans des teneurs en dioxyde de carbone et en méthane, les deux principaux gaz à effet de serre après la vapeur d'eau.

Grâce à ces informations, publiées  le15 mai dans le magazine Nature les scientifiques ont pu faire des avancées sur plusieurs points. Ce travail confirme le lien observé entre les températures enregistrées en Antarctique par le passé et les teneurs atmosphériques en CO2 et CH4. Autre observation capitale : jamais, sur les derniers 800.000 ans, les teneurs en gaz à effet de serre n'ont été aussi élevées qu'aujourd'hui. Les valeurs actuelles dépassent 380 ppmv** pour le CO2 et 1.800 ppbv*** pour le CH4 alors que les teneurs passées ne dépassent pas 300 ppmv pour le CO2 et 800 ppbv pour le CH4.

Au sujet du méthane, les chercheurs remarquent une corrélation entre variation de l'axe de rotation de la Terre, calendrier des moussons et concentrations en méthane. La courbe du méthane révèle également des fluctuations rapides et récurrentes au cours de chaque glaciation.

L'empreinte de tels événements s'observe aussi dans le signal CO2. Les chercheurs expliquent cette variabilité climatique rapide par des modifications du courant thermohalin, cette circulation à grande échelle des masses d'eau qui participe à la redistribution de la chaleur sur Terre. En revanche, ils ne savent pas encore pourquoi elles se manifestent dès le début des glaciations.

Tous les scientifiques impliqués sont donc à pied d'oeuvre pour tirer un maximum d'informations des 3260 mètres de carotte de glace retirés de l'Antarctique par forage au cours des 10 dernières années dans le cadre du programme EPICA. Mené par un consortium regroupant 10 pays européens (Allemagne, Belgique, Danemark, Italie, France*, Norvège, Pays - Bas, Royaume - Uni, Suède et Suisse), ce projet avait pour objectif de forer la calotte glaciaire jusqu'au socle rocheux sur deux sites en Antarctique diamétralement opposés.

Maintenant que le forage en lui-même est terminé, la communauté glaciologique internationale se tourne vers d'autres régions de l'Antarctique et espère extraire de la glace plus vieille encore, si possible de plus d'un million d'années.

F.ROUSSEL

**ppmv

Cela signifie que parmi 1 million de molécules dans l'air, 380 seront des molécules de CO2. Un ppmv = une partie par million en volume.

***ppbv

Cela signifie que parmi 1 milliard de molécules dans l'air, 1800 seront des molécules de CH4. Un ppbv = une partie par milliard en volume.

SOURCE : Actu-environnement.

Lien : http:/www.actu-environnement.com/ae/news/ges_epica_resultats_5062.php4