Le chauffage électrique est moins vertueux qu'on ne croyait

La France est-elle le bon élève climatique de l'Europe ? Au vu des chiffres d'Eurostat, aucun doute : pour ce qui concerne le seul secteur de l'énergie, chaque Français émet 2,63 tonnes de gaz carbonique contre 6,4 pour un Allemand. Cette bonne performance est due au parc nucléaire, qui fournit près de 80 % de son électricité contre 26 % en Allemagne.Mais la production d'électricité en France n'en émet pas moins du CO2 en quantité non négligeable. En effet, le parc nucléaire n'est pas adapté aux pointes de consommation qui se produisent en hiver, lors des vagues de froid intense. Dans ces moments, le chauffage électrique crée une demande d'autant plus importante que ce mode de chauffage est beaucoup plus répandu en France que dans les autres pays. Du coup, il faut alors recourir aux centrales à charbon, au fioul ou au gaz, qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre.

Une note élaborée par Réseau de transport d'électricité (RTE) vient souligner l'importance de ce phénomène. Elle n'a pas été publiée officiellement, mais l'association Agir pour l'environnement, qui se l'est procurée, l'a publiée sur son site Internet.

La note conclut, au terme de calculs complexes, que, lors des pointes de consommation, le chauffage génère l'émission de près de 600 g de CO2 par kilowattheure (kWh), quand EDF comptait jusqu'à présent 160 g.

Dans les milieux énergétiques, cette méthode de calcul provoque des remous. Une réunion d'experts à son sujet, à la mi-janvier, a provoqué de vifs débats. En effet, ce calcul conduit à remettre en cause la politique de construction de centrales thermiques justifiée pour assurer des pointes toujours plus accentuées. Du point de vue de la lutte contre le changement climatique, mieux vaudrait, écrit le texte dans sa version résumée, économiser l'électricité : Des programmes d'économie d'électricité de 5 % éviteraient, selon cette méthode, plus de 33 % des émissions du système électrique français.